LA LEGENDE DES MOTS

La Légende des Mots.jpgSavez-vous que l'origine de certaines expressions que nous utilisons dans la vie courante remonte à la Bible, aux Evangiles ou à la tradition chrétienne ? En voici quelques exemples... 

 

S’endormir dans les vignes du Seigneur

 S’endormir dans les vignes du Seigneur : être ivre mort. C’est aussi une allusion à Noé sortant de l’Arche. Cette expression du langage courant était très utilisée en Bourgogne depuis la fin du xviie siècle. L’adjonction « du Seigneur » légitime le bien-fondé de l’ivrogne qui trouve son salut dans les vignes. Par extension, l’expression qualifie de façon comique le fait d’être ivre. La formule « vignes du Seigneur » désigne avec indulgence l’état d’ébriété, l’ivresse due à l’alcool. Et elle fait référence à une vigne souvent évoquée dans l’Ancien Testament, plantée par Yahvé et symbolisant le peuple d’Israël. L’image est reprise dans le Nouveau Testament (Mathieu 20-21), Jésus comparant le royaume de Dieu à une vigne dont les chrétiens sont les vignerons…

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Vignes dans le Midi

 Un exode

 Un exode c’est le départ contraint d’une foule, d’une population ou d’un peuple. Le livre de l’Exode est le deuxième livre de la Bible et de l’Ancien Testament. Il raconte l’exode hors d’Égypte des Hébreux sous la conduite de Moïse, le don des Dix Commandements et les pérégrinations du peuple hébreu dans le désert du Sinaï en direction de la Terre promise. Un exode est donc le nom donné à un mouvement massif de populations civiles, souvent lors d’une guerre ou d’une catastrophe naturelle mais aussi lors d’autres phénomènes étudiés en géographie (exode rural, départ de population vers les environs proches car les logements sont remplacés par des bureaux, etc.). Rappelons qu’en France, la débâcle des populations à la suite de l’avancée allemande de 1939-1940 est qualifiée d’exode. De même que la fuite des Ukrainiens à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022…

Qui va à la chasse perd sa place

 Souvent employée par les enfants en maternelle, l’expression «qui va à la chasse perd sa place» tire en fait son origine de l’Ancien Testament. Elle fait référence au destin de deux frères : Ésaü et Jacob. Le premier, en tant que fils aîné, était censé hériter de leur père Isaac. Ce dernier, âgé et aveugle, avait convoqué Ésaü pour qu’il parte chasser du gibier, et ainsi nourrir la famille. Mais son jeune frère Jacob avait décidé de profiter de la situation, sur les conseils de sa mère, qui le préférait. Le cadet avait ainsi préparé du chevreuil pour le servir à son père. Jouant de la cécité du patriarche, il s’était fait passer pour son frère jumeau Ésaü. Croyant parler à son aîné, Isaac avait alors donné sa bénédiction à Jacob et par extension, le droit à l’héritage. À son retour, Ésaü n’avait pu que constater les dégâts et compris, à ce moment-là, que celui «qui va à la chasse» peut perdre «sa place»…

 Servir de bouc émissaire

 La formule est souvent employée pour désigner une personne sur laquelle on fait retomber toutes les fautes des autres. «Un bouc émissaire » est un animal que les Juifs chassaient dans le désert après l’avoir chargé de toutes leurs fautes, pour détourner la colère divine. La morale est on ne peut plus claire. En désignant une victime et en lui attribuant tous les péchés, on concentre en un seul point ce qu’il faut sacrifier. Rien de changé de nos jours : on trouve toujours un «bouc émissaire» pour annoncer de mauvaises nouvelles…

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 Être au septième ciel

 «Être au septième ciel», c’est être très heureux. Mais pourquoi parle-t-on de septième ciel ? On ne connaît à ce jour aucun deuxième ciel. Alors un septième, encore moins ! L’expression vient en fait de l’Antiquité. Le ciel est le seul lieu que l’homme n’a pas encore totalement exploré et compris. Depuis toujours, les humains sont fascinés par cette toile bleu marine constellée qui s’exhibe au-dessus de leur tête. Une croyance chrétienne dit aussi que l’âme des défunts, morts en sainteté, monterait dans le ciel, et particulièrement le septième étage de celui-ci, qui serait le siège de Dieu. À l’époque de l’Antiquité, on pense en effet que la Terre est au centre de l’univers. De plus, on croit que tout ce qui se trouve dans le ciel est enfermé dans une sphère de cristal invisible et qui tourne autour de la Terre. On dit aussi que ce septième ciel était celui des étoiles, et que derrière se trouvaient les dieux. Atteindre ce septième ciel consistait donc à se rapprocher des dieux ou de Dieu ! «Être au septième ciel» est synonyme de félicité et d’un grand bonheur.

 Prendre le voile

 Dans la religion catholique, cette expression signifie qu’une personne va devenir religieuse, et qu’elle va quitter la vie séculière pour faire vœu de chasteté et de pauvreté au service de Dieu en entrant dans un couvent. Dans les carmels, le voile représente en effet la consécration, c’est-à-dire son appartenance au Christ pour vivre comme religieuse, à vie. La cornette, quant à elle, a été conservée comme un vêtement distinctif dans les temps modernes par les Filles de la Charité, fondée par saint Vincent de Paul au milieu du XVIIe siècle.

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Le Carmel du Reposoir

La mort dans l’âme

 Cette expression remonte au XIXe siècle mais que l’on retrouve aussi au XVIIe siècle dans le sens d’avoir beaucoup de chagrin. Le terme «mort» est employé dans le sens de peine ou affliction. Le sens contemporain date du XIXe siècle et suggère une contrainte extérieure qui viendrait envers et contre les volontés d’une personne. L’âme symbolise l’individu et la peine et la contrariété pour la mort. Faire quelque chose la mort dans l’âme prend alors le sens de faire quelque chose à contre-cœur ou à grand regret, contre son gré.

 Être heureux comme un pape

 Cette expression française populaire exprime l’idée qu’une personne est contente de ce qu’elle a. Mais quel rapport avec le pape ? Tout simplement parce que tout ecclésiastique qui arrive au rang de pape est au top de ses espérances et ne peut plus évoluer davantage. Il sera donc au summum de sa vie chrétienne et son bonheur est comblé puisqu’il a franchi toutes les étapes le menant au plus près de Dieu. De nos jours, cela signifie être très heureux. Une autre expression pratiquement similaire, mais sans la référence au pape : être comme un poisson dans l’eau…

 Mettre le loup dans la bergerie

 Expression facile dans sa compréhension mais difficile dans la détermination de ses origines. En effet, la date de son apparition n’est pas claire et diffère selon les interprètes. Pour certains auteurs, cette expression est biblique et date de plus de deux mille ans. Dans la Bible, il y a toujours une référence au Seigneur, pasteur d’un troupeau, dans les établissements juifs, anciens éleveurs de bétail. Or la peur existait quant à savoir si le loup pouvait entrer et s’attaquer au cheptel. De ce fait, le loup dans la bergerie fait référence à Satan. De nos jours, cela signifie : introduire une personne dans un lieu où il pourrait s’avérer dangereux.

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Détail d’un vitrail de l’église Saint-Roch

Garder l’église au milieu du village

 Cette expression régionale alsacienne cherche à traduire le respect des traditions. Pourtant, elle ne serait pas spécifique à la France et existe dans d’autres pays européens mais ne traduit pas toujours la même idée. En effet, en Belgique, elle prendrait le sens de garder la tête froide et en Suisse, elle va chercher à décrire quelque chose avec la plus grande précision possible. Le choix de l’église est clair puisque selon les valeurs établies dans toutes les villes, il est d’usage que l’église soit placée au milieu du village et que les maisons soient construites autour d’elle. De ce fait, remettre l’église sur la place du village est un retour aux valeurs traditionnelles établies après avoir constaté que ces valeurs ont été bafouées.

 Le diable est dans les détails

 Expression française du milieu du XIXe siècle qui puise ses origines dans les écrits du philosophe allemand Nietzsche. Le diable dans ce cas ne fait aucune référence à la religion mais se définit quand même comme un être maléfique qui s’ingère discrètement pour agir sur les détails. On dit souvent que le diable est dans les détails d’un contrat, dans les petites lignes référencées au dos ou à la fin du document et qu’en général personne ne lit… Ce qui signifie que les détails peuvent causer des ennuis importants.

 La nuit des temps

 Cette expression remonte au XVIIe siècle et a vraisemblablement des origines bibliques. En effet et selon certaines interprétations, la nuit des temps pourrait signifier la naissance du temps et être utilisée dans des conversations à la fois pour désigner une vérité quasi constante depuis toujours, ou pour dire qu’une histoire ou un fait sont tellement anciens qu’ils remonteraient à la création de l’humanité. Mais pourquoi avoir choisi la nuit ? La réponse serait aussi biblique car avant la création de l’humanité, qui est une naissance, il y avait la nuit et le chaos. Le fait qu’un événement soit aussi vieux que la nuit des temps, époque où le soleil n’éclairait pas encore la terre, signifie de nos jours une période très reculée, très éloignée dans le passé et dont on ne sait rien.

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Chœur de l'église de Lancieux dans les Côtes d'Armor en Bretagne

Un Jardin d’Éden

Dans toutes les religions monothéistes, le jardin d’Éden est l’endroit où auraient vécu Adam et Ève, les premiers êtres humains créés par Dieu. C’est un endroit magnifique où il fait bon vivre. Le jardin d’Éden est une expression issue de l’Ancien Testament. Le jardin d’Éden est souvent comparé au paradis. Malheureusement, Adam et Ève vont manger le fruit de l’arbre de la connaissance qui va leur faire prendre connaissance de ce qui est bien ou mal et Dieu va les punir, car il leur avait interdit de manger le fruit. Il les envoie vivre sur Terre, étant donc obligés de travailler la terre par eux-mêmes. On dit de nos jours : «Cet endroit est un véritable Éden» pour décrire un lieu de délices ou un séjour plein de charme.

 En tenue d’Adam

Le mot Adam est arrivé dans la langue française comme un nom propre, celui du premier homme du livre biblique de la Genèse, et plusieurs expressions font référence à l’épisode du

jardin d’Éden. Ainsi, être «en tenue d’Adam» signifie être nu ; ne connaître quelqu’un «ni d’Ève ni d’Adam» veut dire qu’on ne connaît absolument pas cette personne et n’avoir aucun lien de parenté. Quant à «la pomme d’Adam» qui désigne la saillie à l’avant du cou des hommes, elle vient sans nul doute d’un morceau du fruit défendu resté coincé là depuis l’aube des temps ! Pourtant, bien qu’il nous soit parvenu comme un nom propre, le mot Adam est l’un des mots les plus communs de la Bible...

 Laid comme les sept péchés capitaux

Cette expression française se base sur le sens concret et moral du terme «laid», en choisissant de représenter la laideur extrême par la somme des sept péchés capitaux les plus condamnables de l’humanité. En effet, les sept péchés capitaux sont l’orgueil, l’avarice, l’envie, la gourmandise, la luxure, la colère et la paresse, et sont ainsi nommés parce qu’ils symbolisent la source de tous les autres péchés. Ils sont représentés le plus souvent à l’époque médiévale sur les murs des cathédrales par des figures hideuses et par les gargouilles représentant le plus souvent un animal monstrueux de manière à effrayer les esprits. Cette image fut souvent reprise et explique le terme laid de l’expression, laideur concrète et morale des péchés.

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Naissance d’Ève, façade de la cathédrale d’Amiens

Avoir une patience d’ange

 Dans la religion chrétienne, un ange est un être spirituel, intermédiaire entre Dieu et les croyants. Souvent, dans le langage courant, on utilise des expressions qui font référence aux anges. On connaît tous les expressions «avoir un ange gardien», «être aux anges» qui signifie : être dans le ravissement, au comble de la joie. «Rire aux anges» est un rire sans raison apparente. Le «saut de l’ange» est un saut ou un plongeon qui s’exécute les bras écartés. Enfin «avoir une patience d’ange» signifie avoir une patience à toute épreuve malgré les difficultés rencontrées.

 Faire son chemin de croix

 Il s’agit bien entendu du chemin que Jésus a parcouru durant les heures qui ont précédé sa mort. Dans chaque église, on retrouve sur les murs une série de quatorze tableaux, appelée «chemin de croix», relatant les derniers moments de la vie de Jésus. Chaque année pendant la semaine sainte, les chrétiens, à travers le monde, rappellent et revivent l’événement de la mort et de la résurrection de Jésus. De nos jours, cette expression est entrée dans le langage courant. Faire son chemin de croix signifie effectuer un travail compliqué ou une corvée épuisante. Cette expression est aussi utilisée de nos jours lorsque l’on traverse une épreuve difficile.

 La colombe de la paix

 La colombe de la paix veut dire le retour de la paix. Son origine se trouve dans la Bible. Dans le livre de la Genèse, dans l’épisode du déluge, la colombe que Noé a lâchée dans le ciel revient avec un rameau d’olivier, preuve que le niveau de l’eau avait baissé. Depuis, la colombe est devenue une image universelle et représente à l’origine la fin du chaos. Aujourd’hui, la colombe et le rameau d’olivier sont l’emblème de l’ONU dont l’objectif est de maintenir la paix entre les nations. La Colombe de la paix, offerte à l’ONU en 1979 par le pape Jean-Paul II, est la reproduction d’une mosaïque réalisée dans la basilique constantinienne de Saint-Pierre sous le pontificat d’Innocent III.

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Regarder par le judas

 Judas, c’est cet ami de Jésus, l’un des douze apôtres dont il s’est entouré, et qui pourtant finit par le trahir et le livrer aux autorités juives. C’est le soir, Jésus vient de partager le dernier repas avec ses disciples, quand «Judas, l’un des Douze, arriva et avec lui une foule armée d’épées et de bâtons, envoyée par les grands prêtres, les scribes et les anciens» (Marc, 14, 43). Après l’arrestation de Jésus, l’Évangile raconte que Judas, pris de remords, a rendu l’argent qu’il a gagné pour prix de sa forfaiture et a mis fin à ses jours… Toujours est-il que dans le langage courant, «Judas» est devenu synonyme de traître, d’espion. Et justement, c’est ainsi que l’on nomme la petite ouverture percée dans la porte d’un appartement, et qui «trahit» la présence d’un visiteur sur le seuil de la porte, en permettant à l’habitant des lieux d’espionner ce qui se passe sur son palier.

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Crypte de l'église de Saint-Marcouf en Normandie

Croquer la pomme

 Cette expression fait référence à la Genèse dans laquelle Ève croque le fruit de l’arbre de la connaissance, ce qui lui avait été interdit par Dieu. Puis elle convainc son mari d’en faire de même ! Dieu, furieux de cette désobéissance, condamne la femme à enfanter dans la douleur et l’homme à devoir «travailler à la sueur de son front» pour survivre. Croquer la pomme signifie de nos jours, faire une bêtise, enfreindre une interdiction ou encore succomber à une tentation. À noter que le mot pomme vient d’une erreur de traduction : poma, en latin, signifie «fruit».

 La terre promise

 Dans l’Ancien Testament, Dieu promet à Abraham et à ses descendants un territoire où ils pourront rendre un culte à leur Dieu et vivre en paix s’ils restent fidèles à ses commandements. Après quatre cent trente ans d’esclavage en Égypte, Moïse puis Josué seront chargés de conduire le peuple hébreu vers ce pays promis. Après bien des années dans le désert à cause de leur manque de foi, le peuple entrera dans ce territoire qu’il divisera en douze parts au nombre des douze tribus d’Israël. On parle de terre promise pour signifier un lieu idéal, un rêve inaccessible ou qui se réalise au prix de bien des difficultés.

Le saint des saints

 Comme le détaille le Livre des Hébreux (chapitre 9), le saint des saints était la partie la plus sacrée du tabernacle, la tente de la rencontre où Dieu s’entretenait avec Moïse au cours de l’Exode. Réalisé selon des instructions très précises, le tabernacle est divisé en deux parties. Dans la première, appelée le saint, se trouvaient le chandelier à sept branches et la table avec les pains de l’offrande (He 9, 2). Séparée par un rideau, la seconde partie, le saint des saints, contenait l’arche d’alliance avec les tables de la Loi. Si les prêtres entraient continuellement dans la première pièce pour célébrer le culte, seul le grand prêtre pénétrait dans la seconde, une fois par an, le jour des expiations ou Yom Kippour. L’expression le saint des saints est entrée dans le langage courant au milieu du XIXe siècle. Même si elle ne possède plus exclusivement une dimension religieuse, elle a conservé la notion originelle d’inaccessibilité pour symboliser quelque chose de précieux et d’intouchable ou un lieu d’une importance sacrée. Plus couramment, elle désigne aussi un endroit stratégique, cercle d’influence et de pouvoir où se prennent les décisions importantes, bref, un lieu hors de portée pour «le commun des mortels».

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Basilique Notre Dame du Rosaire - Lourdes

 Remonter aux sources

 Les expressions populaires qui colorent la langue française et que l’on retrouve dans la vie courante ont souvent une signification qui mérite d’être éclairée à la lumière de certains aspects de la religion catholique ou encore de diverses coutumes. Une fois l’origine expliquée, le bon usage des expressions n’en est que plus précis. Ainsi notre chronique «La légende des mots» n’a d’autre but que de vous faire découvrir l’origine de certaines expressions qui bien souvent font référence à la Bible, aux évangiles ou à la tradition chrétienne. D’où l’expression «remonter aux sources», c’est-à-dire rechercher l’origine d’un sujet ou d’un problème.

 Ne connaître quelqu’un ni d’Ève ni d’Adam

 Ne connaître quelqu’un ni d’Ève ni d’Adam, c’est ne pas le connaître directement, ni de réputation, ni par personnes interposées, même pas par les proches de la famille, aussi loin qu’on puisse remonter dans cette famille, y compris en remontant jusqu’à Adam et Eve… Tout le monde connaît l’histoire d’Adam et Eve créés par Dieu à l’origine de l’humanité. Cette expression est donc employée pour renforcer l’idée que l’on ne connaît pas du tout quelque chose ou quelqu’un, que l’on n’en a jamais entendu parler. Cette expression encore utilisée de nos jours signifie que décidément on ne connaît pas la personne concernée.

Prendre sous son aile

Cette jolie expression, très imagée, qui signifie prendre sous sa bienveillante protection, veiller sur quelqu’un est employée par le Christ lui-même, qui dit vouloir rassembler les enfants de Jérusalem «comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes» (Mt 23, 27). Mais à l’origine de l’expression, l’aile en question est celle de l’ange gardien à l’abri de laquelle nous pouvons traverser la vie terrestre en sécurité. À l’instar des oiseaux qui se servent de leurs ailes pour protéger leurs petits, prendre quelqu’un sous son aile, c’est veiller sur lui, assurer sa protection. L’expression sous-entend que la personne qui prend sous l’aile a une certaine expérience.

 Tomber du ciel

«Tu es tombé du ciel ?», demande le petit prince à l’aviateur qui a dû se poser en catastrophe dans le désert du Sahara à la suite d’une panne moteur de son avion. C’est l’une des nombreuses questions posées avec fraîcheur et naturel par «ce petit bonhomme tout à fait extraordinaire» dans l’œuvre poétique et philosophique d’Antoine de Saint Exupéry, Le Petit Prince, l’ouvrage le plus traduit au monde après la Bible. Et c’est d’ailleurs dans la Bible que l’expression «tomber du ciel» puise ses origines car elle rappelle l’action miraculeuse de Dieu envers le peuple d’Israël lors de la traversée du désert. «Tomber du ciel» et «manne» sont restés dans notre vocabulaire, dans le sens d’arriver de façon inespérée, comme par miracle. Au sens négatif, l’expression «ça ne tombera pas du ciel» signifie que rien n’arrivera sans effort, mais si Dieu apporte son aide au peuple hébreu, ce n’est pas pour l’encourager à l’assistanat et à la paresse mais pour lui permettre de surmonter les épreuves et de poursuivre le chemin avec Lui.

 Une tour d’ivoire

L’expression «tour d’ivoire» est utilisée pour expliquer qu’une personne est solitaire et vit dans sa bulle tout en refusant de s’engager dans une action ou dans la vie tout simplement. L’origine vient du Cantique des cantiques (cantique de Salomon) dans lequel la tour d’ivoire est comparée au cou d’une femme. Ce dernier est long et blanc et il fait penser à une tour d’ivoire. En 1830, Charles-Augustin Sainte-Beuve s’en sert dans un poème pour décrire Alfred de Vigny. Cette image lui est alors attribuée car ce dernier est poète et exprime qu’il s’isole du monde. L’expression est depuis passée dans le langage courant pour désigner ces personnages solitaires et un peu coupés de la société.

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Chemin de Croix à Rocamadour (Lot)

Avoir un cœur de pierre

 Voilà une expression que personne n’aimerait entendre ! Elle désigne en effet quelqu’un d’insensible, dur, indifférent qui n’éprouve ni empathie ni émotion envers les autres. L’image est forte car elle associe deux termes opposés : le cœur d’un être vivant, symbole de la vie, de l’amour, des émotions et des sentiments, et la pierre, minérale, dure et froide. On retrouve cette expression plusieurs fois dans l’Ancien Testament, surtout dans les livres prophétiques. Elle est notamment utilisée telle quelle dans le Livre du prophète Ezéchiel (11, 19 et 36, 26) : «Je leur donnerai un cœur loyal, je mettrai en eux un esprit nouveau : j’enlèverai de leur chair le cœur de pierre, et je leur donnerai un cœur de chair.» «Avoir un cœur de pierre» signifie donc être insensible et fermé à toute émotion.

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La chapelle au col des Aravis en Savoie.

 Déplacer des montagnes

 Cette expression biblique fait référence  à l’évangile de saint Matthieu (17,19) qui décrit l’un des miracles de Jésus, survenu après que ses disciples ont tenté en vain de faire sortir le démon du corps d’un jeune enfant. Sollicité par le père du garçon, le Christ parvient à l’exorciser avant d’expliquer à ses disciples la raison de leur échec : «Je vous le dis en vérité, si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à cette montagne : “Transporte-toi d’ici là” et elle s’y transporterait, et rien ne vous serait impossible.» Aujourd’hui, cette expression a pris le sens d’accomplir une mission qui semble irréalisable ou une tâche extrêmement difficile, en résumé : faire des choses qui semblent impossibles et venir à bout des plus grosses difficultés.

 Passer au crible

 Cette expression très courante est un parfait exemple de l’influence des Saintes Écritures sur notre langue française ! «Passer au crible» quelque chose, c’est l’étudier minutieusement, de façon très rigoureuse et sélective, comme un inspecteur des impôts analysant une déclaration de revenus… Mais combien parmi nous se doutent que l’expression nous vient des paroles mêmes du Christ ? Dans le Nouveau Testament, lors de la Cène, Jésus utilise en effet l’image du crible, une sorte de tamis servant à faire le tri du blé – l’ultime étape consistant à séparer le grain des résidus – pour expliquer la distinction entre le bien et le mal. Le Christ annonce ainsi à ses apôtres que Satan allait «les passer au crible comme le froment», c’est-à-dire qu’il allait les analyser en détail afin de les tenter. Cela signifie de nos jours : examiner minutieusement chaque aspect d’un dossier ou d’une question posée.

Soulever un tollé

 Clameur d’indignation, mouvement collectif de protestation, le mot « tollé » fait partie de notre vocabulaire courant, n’en déplaise à ceux qui voudraient supprimer toute trace apparente des origines chrétiennes en France et en Europe. Et il est aujourd’hui si facile de soulever un tollé… Dans notre société où les réseaux sociaux occupent une place prépondérante, tout devient prétexte à polémique et chaque faux pas, réel ou supposé, enflamme la toile et… déclenche un véritable tollé. Finalement, on n’est pas loin de l’origine de l’expression puisqu’elle remonte à l’épisode le plus douloureux du Nouveau Testament : la passion du Christ. Quand Jésus est présenté par Pilate au peuple, les Juifs crient (Jn 19 15) « À mort, à mort, crucifie-le ! » La traduction de saint Jérôme est : « Tolle, tolle, crucifige eum », littéralement, « supprime-le, supprime-le, crucifie-le ! ». Provoquer ou soulever un tollé signifie de nos jours : provoquer une vague de protestations, d’indignation, une colère générale et une demande de suppression de ce qui est proposé…

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Jésus condamné à mort Chemin de Croix - Eglise Saint Roch

 Avoir la tête dure

 C’est à la Vulgate, la traduction latine de la Bible, que nous devons cette expression hébraïque dont la traduction originale était littéralement « avoir la nuque raide ». On la retrouve à plusieurs reprises notamment dans le livre de l’Exode : alors que Moïse est avec Dieu au sommet du mont Sinaï (Exode 24, 18), le peuple d’Israël, resté en bas de la montagne, perd patience et se met à douter. Bravant les commandements de Dieu, ils fabriquent une idole, un veau d’or. Ils se prosternent devant lui et lui offrent des sacrifices. Devant cette attitude de défi, Dieu renvoie alors Moïse avec ces mots : « Je vois que ce peuple est un peuple à la nuque raide. » Cette expression est utilisée depuis la première moitié du XXe siècle pour désigner une personne têtue, obstinée, qui change difficilement d’avis, même lorsqu’elle a tort.

 Rester en travers de la gorge

 « Rester en travers de la gorge » est une expression anodine qui cache un sens terrifiant… Elle remonte au Moyen Âge. À cette époque, lorsque quelqu’un est suspecté de blasphème ou de péché, on le soumet à « l’ordalie », c’est-à-dire au jugement de Dieu par les éléments naturels. L’accusé doit tantôt marcher sur des braises, tantôt être plongé dans l’eau glacée… Une autre épreuve consiste à gaver l’accusé de fromage et de pain. Si un morceau lui « reste en travers de la gorge » et qu’il s’étouffe, la preuve est faite qu’il a fauté. De nos jours cette expression prend un sens plus humain : quand quelque chose vous reste en travers de la gorge, ce n’est pas le signe que vous êtes coupable, mais plutôt que vous avez subi une injustice.

Comme à la prunelle de ses yeux

 La prunelle est un diminutif de «prune». Dès le XIIe siècle, elle désigne la pupille de l’œil, par analogie de couleur et d’aspect avec les baies du prunellier qui, comme chacun sait, ont l’apparence de petites prunes. Tenez-vous à vos yeux ? J’imagine que oui, et d’autant plus que sans eux, vous ne pourriez pas lire ces lignes. Imaginez la frustration ! Cette expression, souvent utilisée à partir du XIVe siècle, provient en fait du livre des Proverbes. Elle est employée pour exprimer ce qui est important pour l’homme : «Garde mes préceptes et tu vivras, garde mon enseignement comme la prunelle de tes yeux» (Pr 7, 2). Tenir à la prunelle de ses yeux, signifie qu’il s’agit de quelque chose d’important et de grande valeur.

 Se voiler la face

 L’expression trouve son origine dans l’Ancien Testament où elle est utilisée au sens propre à plusieurs reprises. Si le voile est un attribut vestimentaire féminin, que ce soit à l’occasion d’un mariage ou au quotidien dans certaines cultures, il n’en a pas toujours été ainsi. Les textes de la Bible nous enseignent que le voile pouvait servir aussi bien pour les hommes que pour les femmes en signe de deuil. Ce rituel marquait symboliquement une séparation entre la personne disparue et celles qui restaient vivantes et permettait de déterminer une période de retrait par rapport au monde. Se voiler la face signifie aujourd’hui au sens figuré que l’on refuse de voir la vérité en face parce qu’elle dérange. Par extension, c’est également refuser d’admettre la réalité en ne voulant pas voir ce qui se dessine.

 Prendre au pied de la lettre

 Dès le XVIe siècle, cette expression a le sens de «comprendre une chose dans le strict sens des mots». Il s’agit d’une allusion à la Bible dans laquelle saint Paul adresse sa deuxième lettre aux Corinthiens, qui met en avant la nuance qui existe entre ce que l’on peut dire ou écrire et le sens réel des mots, les sous-entendus. Aujourd’hui encore, exécuter un ordre «au pied de la lettre» consiste à le respecter entièrement, sans le remettre en question. On peut aussi dire qu’une personne «prend tout au pied de la lettre» lorsqu’elle ne cherche pas à interpréter les mots dans un sens plus profond.

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Fresque dans la Basilique de Lourdes

Lettre morte

 Cette expression tire son origine des épîtres du Nouveau Testament dont les auteurs expliquent comment pratiquer la loi par sa compréhension, en se servant non de la lettre mais de l’Esprit. «Il nous a aussi rendus capables d’être ministres d’une nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l’esprit ; car la lettre tue, mais l’esprit vivifie» (2 Corinthiens 3:6). Ce texte encourage les croyants à chercher l’esprit des lois afin de les pratiquer. Au milieu du XIXe siècle, on disait «lettre morte» au sens propre du terme à propos de textes juridiques qui avaient perdu leur valeur d’application. Elle aurait, dit-on, aussi existé au XVIIe siècle pour une injonction, avis, recommandation ignorés ou une chose inintelligible.

 Mettre sous le boisseau

 Le boisseau est un récipient cylindrique en argile qui servait à la mesure des grains ou de la farine. Dans l’évangile selon Matthieu, on trouve cette expression sur les secrets cachés qui doivent être divulgués : «quand on allume une lampe, ce n’est pas pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison» (Matthieu 5:15). La lumière éclaire le chemin, elle chasse les erreurs. Être la lumière, éclairer la maison, c’est œuvrer afin de montrer la voie à suivre. C’est donc pour exprimer le sens de cacher la vérité aux hommes et de laisser le talent dans l’obscurité que l’on s’est servi de cette expression très populaire, qui a fini par passer en proverbe et signifier : cacher, ne pas mettre en évidence.

 Pierre angulaire

 Cette expression qui, à la base, désigne la pierre qui servait de référence lors de la construction d’un ouvrage d’architecture, évoque dans le langage courant un élément essentiel sur lequel se structure et s’articule un ensemble, et dans le langage chrétien : «Jésus est la pierre rejetée par vous qui bâtissez, et qui est devenue la principale de l’angle» (Actes 4:11). «Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus -Christ lui -même étant la pierre angulaire» (Ephésiens 2:20). Le sens des prophéties est là, révélé en désignant la personne et l’œuvre de Jésus, d’abord rejeté par les siens et les religieux de son temps, comme l’élément de référence et de base sur lequel le salut et l’église chrétienne se construisent. De nos jours, il s’agit donc d’une personne essentielle ou indispensable au bon fonctionnement d’une chose.

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Notre-Dame des Naufragés à la pointe du Raz (Finistère).

Un ange passe

Se dit quand, en société, un silence un peu long se produit dans la conversation. Si traditionnellement le silence est d’or, il est plutôt parfois de plomb lorsqu’un silence pesant et un peu trop long s’établit soudain dans un groupe de personnes plus ou moins volubiles quelques secondes auparavant. Dans ces cas-là, et à condition qu’on ne soit pas au sein d’une assemblée un peu trop guindée, certains ne se privent pas de dire : «Un ange passe !», histoire de détendre un peu l’atmosphère. Quant à l’origine de l’expression, personne n’en est vraiment sûr, mais on peut tout de même proposer une hypothèse : un ange, dans les religions, est un messager de Dieu. Il serait donc normal de faire un silence total lorsque l’un d’eux descend sur Terre afin de délivrer un message.

 Bâtir sur le sable

Cette expression puise ses origines dans la Bible : «Mais quiconque entend ces paroles que je dis, et ne les met pas en pratique, sera semblable à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable» (Matthieu 7:26). Jésus, lorsqu’Il annonce le royaume de Dieu, avertit les futurs «non-pratiquants» que la foi se doit d’être mise en pratique sous peine de ne servir à rien. «C’est pourquoi quiconque entend ces paroles que je dis et les met en pratique, sera semblable à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé ; et se sont jetés contre cette maison : elle n’est point tombée, parce qu’elle était fondée sur le roc» (Matthieu 7:24-25). De nos jours, cette expression signifie échafauder un projet sur des fondements fragiles.

 Pêcheurs d’hommes

Cette expression, qui est devenue le titre d’un roman de Maxence Van Der Meersch, est tirée d’une phrase de Jésus à ceux qui vont devenir ses disciples. Il leur dit : «Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes» (Matthieu 4:19). Ceux- ci sont pêcheurs, pêcheurs de poissons de métier et Celui qui va devenir leur guide leur propose une nouvelle vocation, celle de «pêcheurs d’hommes» qui consiste à amener les hommes vers une vie nouvelle, meilleure, libératrice et pleine d’espérance. Maxence Van der Meersch dans son roman relate l’étonnante aventure de jeunes catholiques dans le monde ouvrier qui sont devenus des «pêcheurs d’hommes» avec la JOC (Jeunesse ouvrière chrétienne).

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Statue de Saint Roch - Sanctuaire de Lourdes

Bonne âme

L’âme est le principe vivant qui nous habite et qui nous permet de nous émouvoir et de ressentir. Cette expression est inspirée de cette citation dans la Bible : «Et l’Éternel dit à Samuel : Ne prends point garde à son apparence […] L’Éternel ne considère pas ce que l’homme considère ; l’homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l’Éternel regarde au coeur» (1 Samuel 16:7). En effet dans le langage courant, on emploie cette locution pour excuser une certaine laideur physique ou une apparence parfois repoussante. On peut aussi, sans la trahir, l’employer pour dire que l’intérieur d’une personne donne de la valeur ajoutée à son physique. On dit aussi : «il a bon coeur», «bon dans le fond».

 Qui cherche trouve

Cette phrase est extraite du sermon sur la montagne. Jésus y décrit Dieu comme un Père et, par un raisonnement a fortiori, pousse ses auditeurs à demander ce dont ils ont besoin dans leurs prières : «Demandez, et l’on vous donnera ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l’on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit, celui qui cherche trouve, et l’on ouvre à celui qui frappe» (Matthieu 7:7). Cette expression, si souvent employée, est utilisée pour pousser quelqu’un à être actif. Quant à trouver, il faut bien entendu chercher à la bonne place…

 Toucher du doigt

Cette expression fait référence à la phrase de Saint Thomas dans l’évangile de Jean : «Thomas, l’un des douze, n’était pas avec eux lorsque Jésus vint. Les autres disciples lui dirent donc : nous avons vu le Seigneur. Mais il leur dit : Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point» (Jean 20:24). Thomas n’arrive donc pas à admettre la résurrection ; il dit n’accepter de croire qu’à la condition de vérifier en «touchant du doigt» les blessures du Christ. Lors de l’apparition suivante du Messie, celui-ci l’invite à s’assurer de son identité et lui dit cette parole concernant les chrétiens de tous les siècles à venir : «Parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru !» (Jean 20:29). La foi des chrétiens est en effet basée sur la Parole, la communication et non sur l’illustration visuelle. De nos jours, on utilise cette expression pour être convaincu de manière indiscutable et souvent par une preuve concrète.

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Croix à l'abbaye de Tamié - Savoie

Ne pas l’emporter au paradis

 Cette expression, souvent employée pour annoncer que l’on se vengera d’une mauvaise action ou que l’on espère que la vie fera «payer» celui qui l’a commise, tient (entre autres) à ce passage du livre de l’Apocalypse : «Heureux dès à présent les morts qui meurent dans le Seigneur ! Oui, dit l’Esprit, afin qu’ils se reposent de leurs travaux, car leurs œuvres les suivent» (Apocalypse 14:13). Ce que les gens ont fait (les œuvres) les suivra, ce qui veut dire que les bonnes actions ne sont pas un préalable d’entrée au paradis et par contre les mauvaises actions sont des obstacles à l’entrée dans le royaume de Dieu. L’Évangile dit par ailleurs que les biens matériels après lesquels nous courrons sur cette terre ne viendront pas avec nous, non plus. En résumé, causer du tort à quelqu’un implique des conséquences.

 Ni chaud, ni froid

 Cette expression, qui traduit la tiédeur et l’indifférence, nous vient de l’un des livres les plus mystérieux, complexes et puissants de la Bible : le Livre de l’Apocalypse. Écrit par l’apôtre Jean, le texte s’adresse à sept Églises d’Asie Mineure pour les exhorter à se ressaisir et redonner de l’ardeur à une foi qui semble s’affadir et manquer de conviction. «Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n’es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche» (Apocalypse 3:16). En réponse à l’amour de Dieu manifesté dans son fils Jésus-Christ, il est impossible d’être tiède car les indécis n’hériteront pas du royaume des cieux. La forme actuelle de l’expression date du XVIIIe siècle et le sens en est toujours le même, c’est-à-dire «être indécis».

 Pierre d’achoppement

 L’expression désigne un obstacle, une sorte de piège, une pierre qui affleure la surface et qui entraîne une chute ou un rocher qui obstrue la voie, entraînant l’échec d’un projet. Dans la Bible, la pierre d’achoppement est un peu comme une marche, qui certes peut faire trébucher mais qui permet aussi de monter à un niveau supérieur. Elle désigne quelque chose qui peut avoir une valeur soit négative soit positive. La liberté des premiers chrétiens en était une pour leurs «observateurs» : «Prenez garde,toutefois, que votre liberté ne devienne une pierre d’achoppement pour les faibles» (1 Corinthiens 8:9). De nos jours cela signifie rencontrer une difficulté, un obstacle sur lequel on trébuche.

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Église de Vattetot-sur-Mer en Normandie

Blanc comme neige

La couleur blanche, immaculée, évoque la pureté. Le texte ci-dessous est un texte du roi David travaillé par le remords alors qu’il a fait tuer un homme pour masquer sa faute : «Lave moi, et je serai plus blanc que la neige» (Psaumes 51:7). Cette expression française était aussi utilisée pour désigner au XIVe siècle quelqu’un d’innocent du crime dont on l’accuse. La comparaison avec la neige renforce le symbolisme général de la blancheur, entraînant des images de paix, de silence, d’innocence et de pureté. «Être blanc comme neige» signifie donc ne rien avoir à se reprocher.

 Jésus, Marie, Joseph

Citer successivement le nom de Jésus, de sa mère et de l’époux de celle-ci n’a aucun pouvoir magique mais nous avons pris l’habitude d’employer cette expression pour exprimer un sentiment, une émotion, une surprise. On entend encore souvent des personnes d’un certain âge s’exclamer de la sorte. L’invocation simultanée des trois membres de la Sainte Famille donne à croire que le sujet débattu est d’importance. C’est aussi un questionnement, une façon de dire : «Je m’étonne que tu permettes cela». Cette interjection est employée pour exprimer l’étonnement.

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Vitrail de la Saint Famille - St Aidan's - Bamburgh

 Arme à double tranchant

L’image de l’arme à double tranchant est utilisée à plusieurs reprises dans la Bible, notamment pour décrire la parole de Dieu : «Elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, elle juge des intentions et des pensées du cœur.» Selon la Bible, l’arme à double tranchant va symboliser la parole de Dieu qui serait plus tranchante qu’une épée pour pénétrer jusqu’au fond de l’âme. De nos jours, une arme à double tranchant signifie avoir un atout que l’on peut utiliser contre les autres mais qui peut à tout moment se retourner contre soi.

Comme un seul homme

Cette expression nous vient tout droit de l’Ancien Testament où on la retrouve à plusieurs reprises, avec la même idée de collectif et d’unité : «Tout le peuple se leva comme un seul homme en disant : “Aucun d’entre nous ne reviendra à sa tente, aucun d’entre nous ne regagnera sa maison. Ainsi tous les hommes d’Israël s’assemblèrent contre la ville, unis comme un seul homme”» (Juges 20, 8, 11). Toujours d’actualité, cette expression est utilisée pour désigner chaque fois l’idée d’un même mouvement, d’un ensemble qui ne fait qu’un : tous ensemble, à l’unanimité.

 Du feu de Dieu

L’expression «du feu de Dieu» vient de la Bible : la foudre est le feu du ciel, envoyé par Dieu. On la retrouve également dans l’évangile comme un appel à la force divine contre des ennemis (Luc 17,29). Elle fait aussi référence à des épisodes tragiques comme la destruction de Sodome et Gomorrhe : «Alors l’Éternel fit pleuvoir du ciel sur Sodome et sur Gomorrhe du soufre et du feu, de par l’Éternel» (Genèse 19:24). De nos jours, on utilise cette expression pour qualifier une chose qui a un grand succès, qui fonctionne «du tonnerre», au-delà de ce qu’on espérait.

 Deux poids, deux mesures

Autant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament, Dieu met son peuple en garde contre la malhonnêteté, en usant en particulier de l’exemple de la balance qui ne devait pas avoir un poids pour le riche et un autre pour le pauvre : «La balance fausse est en horreur à l’Éternel, mais le poids juste lui est agréable» (Proverbes 11:1). «Deux sortes de poids, sont l’un et l’autre en abomination à l’Éternel» (Proverbes 20:10). Avoir «deux poids et deux mesures», c’est donc juger deux choses différentes, ou encore juger de façon différente deux choses strictement identiques. En effet, les poids et mesures sont des objets servant à mesurer la masse, la longueur ou la superficie. De ce fait, juger deux cas analogues avec deux poids et deux mesures équivaut à ne pas appliquer les mêmes critères pour l’un et l’autre, d’où l’injustice.

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La chapelle Notre-Dame des Champs - Roncq

Beaucoup d’appelés, mais peu d’élus

 C’est Jésus qui prononça ces mots après avoir donné la parabole des invités aux noces (qui symbolisent le royaume de Dieu). Car il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus (Matthieu 22,14). Un des présents au repas de noces n’est pas invité et, repéré par le fait qu’il ne porte pas d’habit de noces, est chassé de la salle des fêtes. Cet intrus, qui ne faisait pas partie des élus est l’image de tous les usurpateurs des formes de la foi, ceux qui donnent le change mais qui ne vivent pas, dans leur intérieur, les réalités de l’évangile. Nous utilisons de nos jours cette expression pour définir un domaine où peu de gens réussissent malgré toutes les tentatives.

Des pleurs et des grincements de dents

C’est également Jésus qui prononça cette expression dans la parabole suivante : «Le Royaume des cieux est comparable à un filet qu’on jette dans la mer, et qui ramène toutes sortes de poissons. Quand il est plein, on le tire sur le rivage, on s’assied, on ramasse dans des paniers ce qui est bon, et on rejette ce qui ne vaut rien. Ainsi en sera-t-il à la fin du monde : les anges viendront séparer les méchants des justes et les jetteront dans la fournaise : là il y aura des pleurs et des grincements de dents» (Matthieu 13, 47-53). C’est à juste titre que cette expression est passée dans le langage populaire pour définir le remords.

Boire la coupe jusqu’à la lie

 Cette expression trouve sa source dans le passage des évangiles qui relate la prière au jardin des Oliviers. Jésus connaît ce qui va se passer, il va porter les péchés de l’humanité (c’est l’image de la coupe amère) et aller jusqu’à la mort de la croix, comme les pires malfaiteurs. Il emploie, dans sa prière, l’expression «boire la coupe» pour dire «aller au bout de ma mission», «accomplir ma tâche», «finir mon œuvre». Cette expression encore utilisée de nos jours signifie : «Aller au bout de sa peine, de sa condamnation, assumer une épreuve jusqu’à ce qu’elle s’achève».

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Abbaye de Vaucelles

Rien de nouveau sous le soleil

 Cette formule est souvent prononcée dans un élan de sagesse. Mais celui qui l’a immortalisée était surtout pessimiste. Salomon (970-931 av. J.-C.), troisième roi d’Israël, déclare au soir de sa vie : « Ce qui a été, c’est ce qui sera, et ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera, il n’y a rien de nouveau sous le soleil » (Ecclésiaste 1 :9). L’expression « sous le soleil » fréquente dans le livre de l’Ecclésiaste veut dire « en ce bas monde » où le soleil « brille autant sur les bons que sur les méchants ». Tout n’est que recommencement…

 Par l’opération du Saint-Esprit

 Cette expression française a été vulgarisée au milieu du XIXe siècle avec un emploi ironique. Par contre dès le XVIe siècle, son usage était des plus sérieux dans le vocabulaire religieux et désignait l’intervention du Saint-Esprit dans la conception du Christ. Elle trouve son origine dans la Bible et s’inspire de l’épisode de l’Annonciation quand Marie est prévenue par l’ange Gabriel qu’elle porte l’enfant de Dieu, une grossesse conçue par l’opération du Saint-Esprit. C’est donc cet événement biblique qui a donné lieu à notre expression française pour qualifier l’inexplicable et l’incroyable. « Par l’opération du Saint-Esprit » s’emploie généralement pour témoigner d’un profond scepticisme.

 Partir en croisade

 Les croisades, selon les références historiques, sont au nombre de huit et eurent lieu entre la fin du XIe siècle et le milieu du XIIe. De nos jours, cette expression française a perdu le sens de départ réel et lointain pour se focaliser sur les engagements dans les bonnes actions et s’investir dans des luttes ou dans des campagnes d’opinion. Partir en croisade fait partie du langage journalistique contemporain. Autre expression synonyme : « Prendre son bâton de pèlerin ».

La messe est dite

D'origine religieuse, cette expression vient du latin ite missa est prononcée à la fin de la messe et signifiant littéralement : « maintenant, vos prières sont envoyées à Dieu », dont la parole ne peut être remise en cause et dont on ne peut douter. Le sens détourné et ironique de cette expression apparaît au XIXe siècle : elle est utilisée pour signifier qu’une décision est prise rapidement sans attendre la fin de l’évènement, seul apte à déterminer le score final. Le fait de demander un autre avis sur le sujet en question ne changera en rien car la décision prise est irrévocable. En résumé, « les jeux sont faits ! »

 Ne pas changer d’un iota

 C’est plus souvent pour dire qu’une personne est inflexible que cette expression est employée. Elle vient du verset des évangiles : « Car, je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu’à ce que tout soit arrivé » (Matthieu 5,18). Prenant exemple sur le yod, la plus petite des lettres en hébreu (traduit dans l’évangile par iota, la plus petite lettre de l’alphabet grec), Jésus illustre l’importance capitale de la parole de Dieu. Si aucune lettre aussi petite soit-elle ne peut disparaître, à combien plus forte raison on ne pourrait enlever un seul commandement. Cela signifie de nos jours : ne rien changer, même la moindre petite chose.

 Parole d’évangile

 L’expression « parole d’évangile » signifie que les dires d’une personne sont incontestables et pleins de vérité. Elle trouve son origine bien évidemment dans les évangiles qui indiquent comment le Christ a vécu et surtout quel message il communiquait aux hommes. Ces écrits, pour les croyants, sont donc incontestables de vérité. Quand on utilise cette expression, c’est pour affirmer que ce que l’on dit est fiable et aussi indiscutable. Dans la forme négative, lorsque l’on veut exprimer qu’il ne faut pas croire tout ce qui est dit, l’expression se tourne au sens négatif et devient : « Tout ce qui est dit, n’est pas parole d’évangile ».

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Croix à Vic-sur-Cère dans le Cantal.

Faire pénitence

Cette expression consiste, dans l’Église catholique, à reconnaître ses fautes au cours de la confession, et à accepter la punition choisie par le pécheur ou à effectuer celle prononcée par le prêtre, dans une optique d’expiation des péchés. C’est reconnaître ses torts tout en acceptant les conséquences possibles.

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La croix des Frêtes dans le massif des Aravis en Savoie.

 Qui sème le vent récolte la tempête

Cette affirmation, dont même le premier degré semble se vérifier de nos jours avec les changements climatiques et la pollution, a évidemment un sens spirituel : l’homme récolte dans sa vie les conséquences de ses inconséquences. Cette expression rappelle les paroles de l’apôtre Paul : «Ne vous y trompez pas: on ne se moque pas de Dieu. Ce qu’un homme aura semé, il le moissonnera aussi» (Galates 6,7). De nos jours, cela signifie que l’on subit les conséquences de ses propres actes.

 Tirer les rois

Expression employée lorsque nous partageons la galette des Rois lors de l’épiphanie. L’Épiphanie commémore le moment où l’enfant Jésus est «reconnu» par les Mages qui, alertés par l’apparition d’une étoile, sont venus d’Orient pour l’adorer. «Jésus étant né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode, voici des mages d’Orient arrivèrent à Jérusalem, et dirent: Où est le roi des Juifs qui vient de naître? car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l’adorer» (Matthieu 2,1). Dans le récit de la venue des Mages, il n’est pas précisé dans le texte qu’ils étaient rois (la tradition populaire s’en chargera, et l’on parlera des «Rois-Mages»). On tire les rois lorsqu’un enfant (le plus souvent) attribue sans regarder les parts du gâteau, afin que personne ne sache qui aura la fève cachée dedans et dont la découverte désignera celui qui est le roi. Cette tradition, qui est devenue aujourd’hui, exclusivement festive, puise ses racines dans l’histoire chrétienne.

Faire des miracles

 Jésus fit de nombreux miracles, ses disciples furent des vecteurs de cette forme de grâce divine. Toutefois, le miracle, le sensationnel n’est pas l’élément primordial de la foi. Jésus refusera plusieurs fois d’en faire car ils sont indissociables de la foi. «Jésus dit : Si vous ne voyez des miracles et des prodiges, vous ne croyez point» (Jean 4,48). Ce qui compte, c’est de savoir se nourrir de son message. De nos jours, on utilise cette expression dans le sens de faire des choses impossibles. On dit aussi : «Il s’en est sorti par miracle».

 L’homme propose et Dieu dispose

 Ce dicton populaire n’est pas issu directement de la Bible, mais tire sa sagesse de l’esprit des Écritures. L’origine est très ancienne puisqu’elle remonte au XVe siècle. Elle se base sur la providence divine exercée sur le monde par Dieu. L’homme n’est pas assuré du résultat de ses actes qui peuvent être modifiés par des causes imprévues. Au sens figuré, «l’homme propose et Dieu dispose» serait utilisé quand des contextes imprévus viennent faire échouer un acte. Quoi qu’il en soit, les calculs humains, quelle que soit leur justesse, sont insuffisants et c’est la Providence qui marquera sa suprématie. L’homme formule des projets mais Dieu reste maître de toutes choses.

 Gagner sa place au Paradis

 Cette expression, si elle est de tradition chrétienne, n’est pas biblique. La logique évangélique est toute autre : le croyant accomplit du bien autour de lui. Le bénéfice de ce qu’il fait, profite à ceux qui l’entourent (son «prochain»), puis en revient à Dieu qui lui a donné cette bonne nature. On utilise de nos jours cette expression dans le sens que faire des actions méritoires est souvent associé à un manque de reconnaissance. On dit aussi «c’est le paradis» dans le sens «c’est le pied !», et cela fait allusion à la situation où se trouvaient Adam et Eve avant qu’ils ne succombent à la tentation : il n’existait alors ni souffrance, ni mort.

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 Notre-Dame de Haute Lumière, au col des Saisies en Savoie.

Ravitaillé par les corbeaux

Cette expression bien connue et encore souvent employée de nos jours, dans un sens quelque peu péjoratif, nous vient directement de l’Ancien Testament de la Bible. Il faut remonter à l’histoire du prophète Elie, mille ans avant notre ère. Dieu lui demande d’annoncer de sa part une sécheresse sur le pays d’Israël. Puis, afin de ne pas être touché par cette sécheresse, il lui demande de quitter le pays pour un désert où il y a seulement un torrent. Il y sera ravitaillé par les corbeaux qui lui apportaient du pain et de la viande le matin et le soir, et il buvait de l’eau du torrent. De nos jours cette expression est employée pour désigner un lieu en retrait de tout et où on doit attendre que quelqu’un vienne à nous pour nous ravitailler.

 Crèche

Le terme « crèche » signifie originellement « mangeoire », mais la langue française s’en empare pour désigner le lieu dans lequel le Christ est couché lors de sa naissance à Bethléem. Le terme devient ensuite l’appellation générique des représentations de la Nativité, souvent en modèles réduits, puis vers le XIXe siècle, il désigne un asile pour les nouveau-nés, puis un établissement recevant, en journée, des enfants de moins de trois ans. Le verbe familier « crécher » procède de la même origine exprimant un lieu d’habitation modeste.

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Crèche de Noël église Saint-Piat - décembre 2016

 Être une plaie

Ceci fait bien entendu référence à l’histoire de Pharaon dans la Bible qui ne veut pas laisser partir le peuple hébreu qui est une main d’œuvre bon marché. Pour le convaincre, Dieu, par l’intermédiaire de Moïse, lui envoie des plaies d’une douleur croissante ; la dernière étant la mort subite de tous les premiers-nés des hommes et des animaux. Face à la douleur de la mort de son aîné, Pharaon cède pour ensuite se reprendre et poursuivre le peuple hébreu jusqu’à la mer Rouge où ses troupes périront. Cette expression qualifie de nos jours les personnes dont la fréquentation est particulièrement pénible…

Du pain béni

Le seul pain que Jésus bénit est celui qui va être miraculeusement multiplié : «Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux vers le ciel, il les bénit. Puis, il les rompit, et les donna aux disciples, afin qu’ils les distribuent à la foule» (Luc 9,16). Cette expression familière désigne au sens propre le pain béni au cours d’une messe et dont on distribue les morceaux aux fidèles. Au sens figuré, l’expression «c’est du pain béni» s’emploie pour parler de quelque chose perçu comme une aubaine, comme quelque chose qui arrive au bon moment... du tout cuit !

 En l’an de grâce

Cette expression, née après le XIVe siècle, exprime que nous sommes dans l’ère chrétienne. Pendant longtemps, on a cru que l’expression signifiait «année de survie» à l’Apocalypse qui aurait dû se produire en l’an 1000... C’est tout simplement une référence à la naissance de Jésus. Nous vivons dans l’ère chrétienne, cette ère s’appelle la Grâce. La publication de cette grâce s’appelle l’évangile qui veut dire : «bonne nouvelle», le message du Christ crucifié à33 ans dans les premières années de notre ère, qui porte son nom et qui commence à l’année de sa naissance.

 Querelles de clocher

Dans la plupart des représentations de la campagne française, on ne peut échapper à l’image du petit village aux maisons regroupées autour du clocher de l’église, emblème de tout village digne de ce nom. Et comme, pendant longtemps, l’église a été l’un des points centraux de la vie d’un village, c’est ce monument symbole qui, depuis le milieu du XIXe siècle, sert à qualifier les querelles ou des rivalités à portée uniquement locale, souvent d’ailleurs sans grand intérêt – ou parfois elles le sont réellement parce qu’on veut le faire croire. Des querelles de clocher qui heureusement n’existent plus dans notre bonne ville de Roncq !

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Église de Walincourt dans le Nord

Pierre, Paul et Jacques

Jésus avait l’habitude de partager les moments importants avec ses disciples. «Six jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il les conduisit seuls à l’écart sur une haute montagne» (Marc 9,2). On a pris l’habitude, dans le monde chrétien, de nommer ainsi, une bande d’amis fidèles, ou une cohorte de suiveurs systématiques. La présence des amis de Jésus, lors de bien des moments, fut l’un des moyens de transmettre le message du Christ aux générations futures et de servir de témoins qui attestèrent de la véracité des propos et des actes rapportés dans les récits bibliques.

 Pris la main dans le plat

Cette expression évoque le dernier repas du Christ pendant lequel Jésus dévoile Judas comme le traître qui le vendra au clergé désireux de le faire mourir. Jésus répondit : « Celui qui a mis avec moi la main dans le plat, c’est celui qui m e livrera» (Matthieu 26,23). De nos jours, cette expression est toujours utilisée et signifie « être pris en flagrant délit ».

 Toucher du bois

La signification de cette expression est explicite : il ne s’agit là que d’un geste superstitieux, souvent accompagné de la parole « je touche du bois ! », tout aussi efficace que de « croiser les doigts ». Apparemment, cette superstition remonte à très loin, puisque les Perses et les Égyptiens la pratiquaient déjà. Au Moyen Âge, les chrétiens disaient que l’habitude de toucher du bois venait de ce que le Christ avait été sacrifié sur une croix en bois : toucher du bois était donc une forme de supplication ou de prière qui permettait de se protéger de l’adversité.

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Cimetière militaire de la guerre 1914-1918 à Le Sourd dans l’Aisne.

 « Un jubilé »

Dans l’Église catholique, un jubilé est, depuis l’année 1300 (où le pape Boniface VIII proclama une indulgence plénière pour ceux qui viendraient en pèlerinage à Rome), une période de pardon, de conversion et d’efforts spirituels ayant lieu, d’abord tous les cinquante ans, puis tous les vingt-cinq ans à partir de 1400. On appelle aussi ces jubilés des « années saintes» . Au XXe siècle, dans un esprit similaire, les papes ont décrété des années saintes extraordinaires, commémorant la rédemption par la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Le dernier jubilé a été célébré en l’an 2000 par le pape Jean-Paul II. Le mot « jubilé » est aussi employé pour célébrer l’anniversaire d’ordination des diacres, prêtres et évêques.

Lever les bras au ciel

Choqués par de profondes injustices, nous avons tous regardé vers Dieu en nous demandant comment il pouvait laisser faire de telles choses. Parfois, ce ne sont pas les bras que nous levons, mais le poing. Pourtant, les humains se sont approprié le monde depuis longtemps et sont responsables de bien des maux. Il y a aussi d’autres motivations pour lever les bras au ciel, s’en remettre à Dieu et compter sur lui quand on a fait tout ce qui était en notre mesure. De nos jours, cette expression signifie que l’on s’insurge contre quelque chose dont on ne trouve pas la solution par soi-même.

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Croix de fer au col des Aravis en Savoie

Les premiers seront les derniers

Bien des héros de la Bible sont des gens insignifiants (à nos yeux). Une pauvre veuve donnera plus à Dieu avec ses deux petites pièces que des personnes riches. Ceux qui cherchent les premières places par tous les moyens et au détriment des autres, ceux qui choisissent pour mode de vie leur mise en valeur, ne seront pas les premiers dans le royaume des cieux. «Quiconque s’élèvera sera abaissé, et quiconque s’abaissera sera élevé» (Matthieu 23,12). Actuellement, cette expression est souvent utilisée pour préciser que les vainqueurs ne sont pas toujours ceux que l’on croit.

Mieux vaut avoir affaire à Dieu qu’à ses saints

Cette phrase semble faire allusion aux invocations adressées aux saints dont on emploie l’intercession auprès de Dieu. Elle signifie qu’on a toujours intérêt, dans une démarche, à s’adresser directement au chef ou au patron. Ce dernier, en toute humilité, est ici assimilé à Dieu, ses collaborateurs devenant des saints chargés de l’assister. La demande, reçue par le décideur, aura ainsi moins de chance de se perdre dans les arcanes des procédures. Le conseil est avisé. En effet, il n’est pas toujours aisé de le mettre en pratique de nos jours où nos patrons sont invisibles et leurs collaborateurs eux-mêmes difficiles à approcher. Ils sont remplacés par des voix anonymes ou des interlocuteurs virtuels qui vous invitent à taper sur les chiffres 1 ou 2 suivant la requête... L’expression exprime, à la fois, le bon sens et la vérité.

C’est la tour de Babel

Dans l’Ancien Testament (Genèse), on conte l’histoire de cette tour de Babel. Les hommes de Babylone ne parlaient auparavant qu’une seule langue et ne formaient qu’un seul peuple. Un jour leur vint l’idée de construire une tour qui atteindrait les cieux. On nomma cette tour «la tour de Babel», «babel» signifiant «porte du ciel». Mais Dieu les trouvant trop orgueilleux les punit en leur faisant parler des langues différentes, si bien que les hommes ne se comprenaient plus. Ils furent contraints d’abandonner leur entreprise et se dispersèrent sur la Terre, formant ainsi des peuples étrangers les uns des autres. Actuellement, cette expression est utilisée pour parler d’un lieu où règnent le brouhaha et la confusion.Image2.jpg

Phare en Bretagne. Une autre tour de Babel ?

La manne

N’avez-vous jamais entendu parler, dans les médias, de la «manne financière », de la «manne budgétaire européenne» ? Dans chacune de ces expressions, le mot «manne» renvoie à une quantité importante d’argent arrivant de façon inattendue ou sans effort. Cette manne est aussi quelquefois qualifiée de «providentielle». Cette expression trouve en fait son origine dans un passage de la Bible qui conte la traversée du désert par les Hébreux avec Moïse. Dieu leur enverra de la nourriture tombée du ciel. Les Israélite dirent : «Qu’est-ce que c’est ?» («MaN Hou», littéralement en hébreux) et ils finissent par appeler cette nourriture «MaN». De nos jours, manne signifie quelque chose qui est reçu en abondance, parfois de façon inattendue et providentielle.

 La pomme d’Adam

Dans la Bible, le récit de la Genèse explique quel fut le premier péché des hommes : la désobéissance ! Littéralement, c’est un fruit qui est à l’origine du drame. La tradition populaire en a fait une pomme. Pomme qui se serait coincée dans le gosier d’Adam et qui aurait ainsi formé la saillie du cartilage thyroïde propre à l’homme. Depuis, cette expression est restée pour décrire cette partie de l’anatomie de l’homme.

Se jeter dans la fosse aux lions

 Jadis, durant les jeux du cirque, les Romains enfermaient les condamnés, notamment les chrétiens qui refusaient d’adorer les dieux romains, dans une arène (une fosse) avec des lions. Les spectateurs les regardaient alors se battre vainement contre les animaux et mourir déchiquetés. «Se jeter dans la fosse aux lions» signifie de nos jours affronter un danger ou quelque chose de particulièrement désagréable. Il peut aussi s’agir de se confronter à un public sans pitié dans son jugement ou dans ses attitudes.

 Être comme saint Thomas

 «Moi, je suis comme saint Thomas, je ne crois que ce que je vois». Cette expression trouve son origine dans l’évangile de saint Jean. Thomas, disciple de Jésus, ne voulut pas croire à la résurrection du Christ. «Si je ne vois pas... je ne croirai pas.» Pour constater par lui-même la véracité des faits, il demanda de mettre le doigt dans les stigmates et dans la plaie sur le côté du thorax de Jésus. Aujourd’hui, lorsque quelqu’un doute de quelque chose ou d’un fait, on dit de lui qu’il est comme saint Thomas.

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Vitrail du Christ ressuscité,église de Thônes en Haute-Savoie.

 Une de perdue, dix de retrouvées

 Cette expression, qui veut dire qu’il ne faut pas se soucier de ce qu’on perd, puisque le temps nous en donnera dix fois plus, prend le contre-pied de la parabole biblique de l’évangile selon saint Luc : «Quelle femme, si elle a dix drachmes, et qu’elle en perde une, n’allume une lampe, ne balaie la maison, et ne cherche avec soin, jusqu’à ce qu’elle la retrouve ?» (Luc 15:8). Traduction : La ménagère qui a perdu une de ses pièces n’a de cesse de chercher celle qui lui manque, car, sans elle, son «trésor » n’est pas complet. Actuellement, cette expression, qui est toujours utilisée, signifie que les choses paraissant importantes, voire indispensables, peuvent être plusieurs fois remplacées.

Prêcher pour sa paroisse

C’est une expression française qui date du milieu du XIXe siècle et on l’emploie rarement dans le sens qui lui est donné. En fait, on utilise celle-ci pour orienter une discussion dans son seul intérêt et dans le but  d’obtenir quelque chose de son interlocuteur.

 Se faire blackbouler

Le verbe « blackbouler » est étrange car composé du mot anglais « black » (noir) et de « bouler », verbe français qu’on retrouve dans un sens argotique dans l’expression « envoyer bouler », qui signifie rejeter. Dans les communautés monastiques, pour élire un moine candidat à un poste ou tout simplement pour être accepté dans le monastère, le vote est caractérisé par l’emploi de « boules » blanches ou noires déposées dans une urne. Le vote est défavorable au moine candidat lorsque le nombre de boules noires est supérieur à celui des boules blanches. D’où l’expression « se faire blackbouler » qui signifie de nos jours « être refusé à un examen ou un poste… »

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Abbaye de Vaucelles

Pas très catholique

Cette expression qui date du XVIIIe siècle fait référence aux valeurs morales véhiculées par l’Église catholique, comme l’honnêteté par exemple. À l’origine on disait « pas très orthodoxe » en rapport avec la conformité à un dogme religieux. On emploie aujourd’hui cette expression pour désigner quelque chose de douteux, peu conforme à la morale et sujet à caution. On peut également préciser qu’« être plus catholique que le pape » signifie d’apporter trop d’empressement ou d’honnêteté dans une démarche que le pape ne ferait pas lui-même.

Dire amen à tout

Le sens du mot « amen » est traduit par « ainsi soit-il ». Il permet aux croyants de s’unir à la prière en approuvant ce qui a été exprimé par le prêtre et ainsi de manifester son accord avec Dieu. Cette expression est souvent utilisée pour approuver sans discuter.

 Crier sur tous les toits

Autrefois en Orient, les toits des maisons étaient en fait de grandes terrasses. On avait pour habitude d’y monter afin de discuter plus facilement avec ses voisins. C’est de cette coutume que provient l’expression « crier sur tous les toits ». Même si elle semble dater du XVIe siècle, cette expression se retrouve sous une autre forme dans l’Évangile de saint Matthieu : « Ce que je vous dis dans les ténèbres dites-le en plein jour ; et ce qui vous est dit à l’oreille, prêchez-le sur les toits. » De nos jours, on utilise cette expression pour divulguer une information qui, à l’origine, devait rester secrète…

 Ne plus savoir à quel saint se vouer

La tradition a souvent attribué aux saints des pouvoirs qu’ils n’ont pas : retrouver des objets perdus, protéger les conducteurs ou prendre soin de telle ou telle corporation en particulier. à tel point que, lorsqu’on est vraiment embarrassé, on ne sait à pas quel saint se vouer… On emploie aussi cette expression lorsque l’on est désemparé et surchargé de travail.

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Statue de Saint Joseph dans la cour de l'école Saint Joseph à Roncq en 1987

Mettre à l’index

Rien à voir avec «montrer du doigt». L’index fait référence ici à «l’Index librorum prohibitorum» un catalogue de livres dont le Saint-Siège interdisait la lecture dans le décret du concile de Trente en 1563. L’expression fut ensuite reprise par les ouvriers qui mettaient à l’index les patrons n’appliquant pas les conventions salariales. Aujourd’hui, le sens de cette expression fait référence à la condamnation d’un ouvrage, d’un film ou le fait d’exclure une personne. 

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Chapelle du Forgeassoud à Saint-Jean de Sixt - Haute Savoie.

Un sujet tabou

Le mot «tabou» vient du polynésien tapu qui signifie «interdit, sacré». Le mot fut souvent appliqué aux interdictions à caractère religieux puis, depuis, s’est étendu au XXe siècle à un sujet sur lequel on fait silence, dont on ne doit pas parler par pudeur ou par crainte.

 Se faire l’avocat du diable

Jouer à l’avocat du diable signifie défendre par jeu un point de vue contraire afin de faire ressortir tous les aspects d’une cause. Cette expression vient du droit canon. L’avocat du diable est un procureur religieux au Vatican qui a pour rôle de contester les mérites d’un saint auprès du tribunal du Saint-Siège dans le processus de canonisation. Ce procureur représente symboliquement le «diable», c’est-à-dire l’adversaire du futur saint. De nos jours, cela signifie : plaider pour une cause indéfendable ou perdue d’avance.

 

S'entendre comme larrons en foire.

Un larron est celui qui commet un larcin, qui dérobe furtivement. Cette expression désigne deux compères qui s'entendent à merveille pour préparer un mauvais coup. Elle fait référence aux deux larrons, les deux voleurs crucifiés en même temps que le Christ.

 On lui donnerait le bon Dieu sans confession.

Cette expression fait référence à la religion catholique où chaque personne vient se confesser pour se libérer de ses péchés. Si une personne n'a pas besoin de passer par le confessionnal, c'est qu'elle nous inspire confiance. De nos jours, cela signifie qu'une personne est honnête et que l'on peut lui faire confiance.

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Confessionnal de l’église Saint-Piat.

Treize à table.

On dit qu'il ne faut pas être treize à table car cela porte malheur. Cette expression vient d'un passage de la bible relatant la Cène, le dernier repas où Jésus et les douze apôtres étaient treize à table. Cette table n'avait en fait rien de particulier sauf le jour où Judas a trahi Jésus en sortant de table. Jésus s'est fait ensuite arrêter puis crucifier. Depuis, la superstition est restée et il ne faut pas être treize à table car on dit que le plus jeune peut mourir car Jésus était le plus jeune.

 

Etre attendu comme le Messie.

L'origine de cette expression fait référence à l'impatience du peuple d'Israël espérant la venue d'un Messie (de l'hébreu Massiah), un envoyé de Dieu, qui les arracherait à leur destin et rétablirait le règne de Dieu sur Terre. De nos jours cette expression signifie "être attendu avec une grande impatience".

 Jeter la pierre à quelqu'un.

Cette expression renvoie à un épisode de l'évangile (Jean 8, 1-11) où l'on présente à Jésus une femme qui a commis un péché d'adultère. Selon la loi de Moïse, elle est condamnée à la lapidation. Ceux qui vont accomplir la sentence demandent son avis à Jésus dans le but de le mettre en difficulté ; soit il applique la loi, soit il respecte son enseignement du pardon. Jésus leur répond "Que  celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre". Et comme aucune des personnes présentes ne peut prétendre être totalement pure, elles renoncent toutes  à la lapidation, permettant ainsi à la femme de rester en vie et d'être pardonnée par Jésus. Aujourd'hui jeter la première pierre signifie : être le premier à accuser une personne.

Ce n'est pas la fin du monde.

 Expression qui signifie que tout n'est pas fini, que tout ne s'arrête pas ou ne disparaît pas, en référence à l'Apocalypse, le dernier livre du  Nouveau testament selon Saint Jean.

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Coucher de soleil du bout du monde dans le Finistère.

Faire le mariole

 

Mariole était jadis un diminutif de Marion, lui-même diminutif de Marie et donc de la Vierge Marie. Au XIIIème siècle, il devient un terme de mépris désignant la sainte Vierge. Puis de  l'italien "mariolo", qui désignait un filou, est né le mot mariole de notre expression qui désigne, de nos jours, une personne qui fait le joli-cœur, l'intéressant.

 

 A Pâques ou à la  Trinité

 

L'origine de cette expression remonte également au XIIIème siècle dans les ordonnances édictées par le roi de France comme échéance de ses dettes. Celles qui restaient impayées à Pâques, fête de la résurrection du Christ, et à la Trinité, célébrée neuf semaines après Pâques, furent rapidement considérées comme perdues. De nos jours cette expression signifie la même chose : que l'on peut toujours attendre longtemps pour le règlement d'une dette...

 

Gagner son pain

 

C'est à dire effectuer un travail dans le but d'avoir le nécessaire et d'avoir au moins de quoi manger. Cette expression provient d'une parole de Dieu s'adressant à Adam et Eve chassés du paradis terrestre : "Tu auras beaucoup de peine à tirer du sol ta nourriture pendant toute une vie... Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front"

  

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 Abbaye de Vaucelles

 

À la grâce de Dieu

 Là où certains disent inch’Allah, d’autres s’en remettent «à la grâce de Dieu». On peut ainsi se reposer sur la confiance que l’on met en Dieu, mais on peut aussi en appeler à sa grâce. Quand tout échappe aux hommes, seul Dieu peut encore faire quelque chose pour sauver la situation. C’est pour cela que, de nos jours, cette expression a pour synonyme «à Dieu vat».

 Avoir droit au chapitre

 À l’origine, cette expression remonte au Moyen Âge, époque où l’ensemble des religieux, vivant en communauté ou en abbaye, forme un conseil appelé «chapitre». Avant de prendre une décision, chacun d’eux était consulté et pouvait exprimer son point de vue. Ainsi, ils avaient tous «voix au chapitre». De nos jours, cette expression signifie «être consulté» ou «avoir de l’influence» et, par conséquent, «ne pas avoir droit au chapitre» signifie que vous ne pouvez pas donner votre avis sur une décision déjà prise par ailleurs…

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Abbaye de Fontfroide, près de Narbonne dans l'Aude

Une année sabbatique

 Le sabbat est ce jour de repos accordé aux hommes et consacré à Dieu en souvenir de la Création. De nos jours, le dimanche, jour du repos dominical, est appelé «jour du Seigneur». Tous les sept ans, un repos était également accordé à la terre qu’on laissait une année en jachère. Cette expression a été reprise pour désigner, de nos jours, ce temps que certains employeurs accordent à leurs employés.

Semer la zizanie

Se dit de quelqu’un qui vient mettre la pagaille dans la vie d’un groupe en apportant la discorde. La zizanie désigne l’ivraie, c’est-à-dire la mauvaise herbe. Cette expression tire son origine d’un texte de l’Évangile où Jésus parlait du royaume de Dieu en ces termes : «Un homme avait semé de la bonne semence dans son champ. Une nuit, pendant que tout le monde dormait, un ennemi de cet homme sema parmi le blé de la zizanie, puis s’en alla.»

 

Partir comme des petits pains

 

C’est-à-dire très vite. L’expression fait allusion à l’épisode de la vie de Jésus où, lors d’un sermon au bord du lac de Galilée, il accomplit le miracle de la multiplication des pains. Une foule de cinq mille personnes était venue pour l’entendre et il n’y avait rien à manger. Une collecte de vivres lui procura cinq pains et deux poissons. Selon les évangiles, le miracle eut lieu et Jésus réussit à nourrir toute cette foule affamée.

 

Devoir une fière chandelle à quelqu’un

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Cierges en l’église Saint-Piat.

 C’est une expression qui ne provient pas de la Bible ou des évangiles, mais de la tradition chrétienne. Elle est employée pour désigner quelqu’un qui nous a aidés à éviter un désastre ou un péril. L’expression signifie qu’on lui doit une faveur qui, habituellement, consiste à faire brûler un cierge à l’église à son intention pour le remercier de ce qu’il a fait pour nous. L’usage de faire brûler un cierge pour demander une grâce à un saint ou à Dieu était pratique courante et si le vœu était exaucé, on répétait la coutume. 

Pauvre comme Job

 Le livre de Job, l'un des plus vieux écrits de l'Ancien Testament raconte l'histoire du richissime Job qui subit les pires épreuves qu'un homme puisse endurer sur cette terre : perte de sa famille, de ses biens, maladie incurable, solitude. Dieu récompensera sa fidélité à toute épreuve en lui redonnant tout ce qu'il avait perdu : biens, famille, santé et salut. L'expression « Pauvre comme Job » est devenue aujourd'hui le symbole de la déchéance humaine.

  Une brebis égarée

 Dans l'évangile selon Saint Matthieu, Jésus enseigne que chaque humain est à ses yeux une brebis qui vaut la peine qu'on la sauve.Jésus est le Bon Berger. Par extension une brebis égarée est une personne qui vit dans le malheur, malgré sa naïveté ou son innocence. 

Les Biquettes IMG_9994 - Image compressée.JPG

  Les vaches maigres

Dans le texte de la Genèse, on lit que Pharaon vient de faire un rêve prophétique que nul ne sait interpréter. Seul Joseph y parvient grâce à la sagesse que Dieu lui a donnée. Les vaches maigres vues dans le rêve symbolisent des années de sécheresse. Pharaon fera de Joseph son premier ministre pour préparer ces années de disette. Cette expression symbolise les périodes d'indigence et de pauvreté qu'il arrive parfois de traverser dans l'existence.

 Le jugement de Salomon.

 Le roi Salomon sut discerner la vérité au cours d'un litige entre deux femmes qui se disputaient la maternité d'un nouveau-né vivant et d'un nouveau-né mort dans son sommeil.

 Pour régler le désaccord, Salomon réclama une épée et ordonna : « Partagez l'enfant vivant en deux et donnez une moitié à la première et l'autre moitié à la seconde ». L'une des femmes déclara qu'elle préférait renoncer à l'enfant plutôt que de le voir sacrifié. En elle, Salomon reconnut la vraie mère, et il lui fit remettre le nourrisson.

 De nos jours cette expression a valeur d'exemple en matière de justice et de sagesse. 

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St Piat - Eglise St Piat

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En Odeur de sainteté.

 Voici une expression qui ne provient par de la Bible ou des Evangiles mais plutôt de la tradition chrétienne.

 L'odeur de sainteté correspond paraît-il aux effluves suaves qui s'exhaleraient du corps de certains saints après leur mort. Vivre en odeur de sainteté signifie également vivre en état de perfection spirituelle. Mais de nos jours, l'expression n'est guère employée que dans le sens contraire: ne pas être en odeur de sainteté auprès de quelqu'un signifie être mal perçu ou en être mal vu.

Etre changé en statue de sel.

 L'origine de cette expression remonte à la destruction de Sodome et Gomorrhe, villes dont les habitants ont la réputation d'être débauchés. Malgré les conseils de Dieu, la femme de Loth, fuyant la ville, se retourne. Elle est alors changée en statue de sel. Cette expression est devenue le symbole de quelqu'un qui se laisse paralyser par son passé et devient incapable d'agir.

Vivre un calvaire.

Cette expression fait référence au lieu où le Christ fut crucifié et mourut après de longues souffrances sur une colline voisine de Jérusalem, nommée Golgotha ou Calvaire. Le terme « Golgotha » a été traduit en latin « Calvaria » (« tête chauve, crâne) qui a donné en français moderne « Calvaire ». De nos jours  l’expression « vivre un calvaire » signifie subir une lourde épreuve physique ou morale.

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Le calvaire des marins - Bray-Dunes

A chaque jour suffit sa peine.

Dans l'évangile selon Saint Matthieu, il est écrit : Ne soyez donc pas en souci pour le lendemain ; car le lendemain aura soin de ce qui le regarde : À chaque jour suffit sa peine.

La vie serait en effet intolérable si, en supportant les peines journalières, on y joignait l’appréhension des peines du lendemain...

On peut donner à cette expression encore un autre sens : Il ne faut entreprendre chaque jour qu’un travail proportionné à ses forces et selon le temps que l’on peut y consacrer.

Baisser les bras.

On a oublié que cette expression courante, pour signifier un renoncement après l'effort, provient en fait d'e l'épisode de l'attaque des Enfants d'Israël par Amalek, qui a le dessus quand Moïse baisse les bras, mais qui est vaincu quand Aaron et Hur relèvent les bras de Moïse. (Exode)

De nos jours cette expression signifie que l'on abandonne un projet ou une action par manque de courage, de force ou de volonté.

 

Vieux comme Mathusalem.

Mathusalem est un personnage des premiers chapitres de la Genèse et, nous dit la Bible, mourut à 969 ans.

Utiliser cette expression aujourd'hui pour quelqu'un, c'est signifier que la personne est très âgée. Et l'on peut penser que cette expression a de beaux jours devant elle puisqu'on vit de plus en plus vieux !

Un Tohu-bohu.

Ce mot vient de la Genèse, le monde avant sa création par Dieu n'était que solitude et chaos : "tohu-wa-bohu" en hébreu.

De nos jours cette expression signifie une situation confuse et agitée dont les synonymes sont nombreux : brouhaha, chahut, charivari, tumulte, vacarme etc...

Ramdam, synonyme également de tohu-bohu, est en fait l'altération du nom du mois du "Ramadan", mot ramené par les soldats dans l'argot des poilus lors de la Grande Guerre. La fin du jeûne musulman, à la tombée de la nuit, est l'occasion d'agapes dont la nuisance nocturne a donné le sens de vacarme...

 

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Le sable et les dunes....

La Traversée du désert.

Cette expression fait référence à la période de l'Exode où le peuple juif a fuit l'Egypte avec Moïse, mais également à une période de la vie de Jésus qui est commémorée par le carême.

De nos jours, cette expression signifie un moment difficile dans la vie d'une personne éloignée de la vie publique, comme par exemple le Général de Gaulle entre 1953 et 1958...

Porter au pinacle.

Dans l'évangile selon St Mathieu, Jésus est transporté au point le plus haut du temple de Jérusalem : le pinacle. Il fut tenté par le démon qui l'invite à se jeter dans le vide afin de prouver que Dieu viendra à son secours. Jésus le chassera par sa grande connaissance des écritures en lui disant "Tu ne tenteras point le Seigneur, ton Dieu". Aujourd'hui l'expression "être au pinacle" signifie être au faîte d’une carrière. Quant à l’expression "porter au pinacle", elle veut dire que l’on fait l’éloge appuyé de quelqu’un. 

 

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La Bannière du Saint Sacrement - Eglise St Piat 

La Croix et la Bannière.

Cette expression d'origine italienne date du XVe siècle. Lors de processions religieuses, la croix, représentant le Christ, était placée en tête de toutes les processions. Venaient ensuite les étendards ou les bannières, que ce soit celle de la Vierge, de la paroisse, d'une confrérie ou d'un notable. Mais l'organisation de ces processions n'était pas facile. Les règles à suivre, le respect de l'importance des participants, qu'elle soit honorifique ou hiérarchique, transformait parfois leur préparation en de véritables casse-têtes. De nos jours cette expression est utilisée lorsque l'on doit organiser quelque chose de compliqué.

Rendre à César ce qui est à César.

Dans l'évangile selon St Matthieu, Jésus est mis à l'épreuve au sujet des richesses de ce monde : doit-on payer le tribut de l'empereur ou peut-on se révolter ? Le Christ répondra que les affaires spirituelles n'ont rien à voir avec les affaires temporelles des hommes. Il faut avoir la sagesse de faire la part des choses. Telle est la morale contenue dans cette expression.

Séparer le bon grain de l'ivraie.

Dans l'évangile selon St Mathieu, Jésus a souvent utilisé des images liées à l'agriculture pour faire comprendre son message spirituel. L'ivraie est une graminée sauvage et nuisible qui au début de sa pousse ressemble à celle du blé au milieu duquel elle peut croître.

Dans cette phrase, le maître dit à ses serviteurs de ne surtout pas chercher à enlever l'ivraie tant que la moisson n'est pas prête sinon ils risqueraient d'arracher également le bon grain.  Il leur demande donc d'attendre le bon moment.

On comprend alors que Jésus ait pu désigner l'ivraie comme le symbole des méchants. Les vrais serviteurs de Dieu seront souvent comparés au bon grain. Cette expression signifie donc trier les bons éléments afin d'en éliminer les mauvais. 

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 La Moisson

Vieux comme Hérode.

Il s'agit du roi Hérode qui a craint la naissance du Messie au point de faire tuer tous les enfants nouveaux nés de son royaume. C'est donc un roi qui a vécu voici plus de 2000 ans! L'expression se comprend d'elle-même, elles s'applique à toute chose dont on a oublié l'origine.

Nul n'est prophète en son pays.

Dans les évangiles, Jésus se plaint de l'incompréhension de ses proches. Lors de son retour à Nazareth, le lieu où il avait grandi, Jésus fut l'objet de sarcasmes et moqueries de la part des habitants, de ceux qui l'avaient connu comme le simple fils d'un charpentier et qui ne pouvaient l'imaginer en Messie fils de Dieu.

Cette expression indique que les qualités et le génie d'un homme ou d'une femme sont difficilement reconnus par ses proches qui ne peuvent voir en eux que ce qu'ils ont toujours vu : une personne identique aux autres ! 

David contre Goliath.

Qui n'a pas utilisé cette expression pour relater un combat entre un très fort et un très faible ? C'est au cours de la conquête de Canaan que le peuple hébreu affrontera  l'armée des Philistins qui comptait dans ses rangs Goliath, un géant. David, le jeune berger se portera volontaire pour l'affronter. Il n'était armé que d'une fronde et il parviendra à tuer ce colosse en combat singulier. De nos jours cette expression est utilisée pour qualifier un combat entre adversaires de forces inégales.

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David contre Goliath...

Un colosse aux pieds d'argile.

La Bible raconte que le prophète Daniel devina un rêve qu'avait fait Nabuchodonosor, le roi de Babylone. Daniel lui conta son rêve : le roi avait vu une immense statue à la tête d'or, au torse et aux bras d'argent, aux cuisses de bronze et aux jambes de fer. Quant à ses pieds, ils étaient faits d'argile et de fer. Une pierre se serait alors détachée d'elle-même, frappant la statue aux pieds, et entraîna le bris de la statue toute entière. Le prophète confia alors au roi de Babylone qu'il pensait que les parties de la statue et la matière dans laquelle elles étaient faites représentaient son empire, ainsi que les trois empires qui lui succéderont : les empires Perse, Grec et Romain. On emploie aujourd'hui cette expression pour figurer qu'une puissance ou une personne d'apparence forte peut finalement s'avérer très fragile dans la réalité ...

Des Agapes.

Du grec "agapé". Ce terme marque la fraternité que les premiers chrétiens partageaient autour d'un repas en commun. Aujourd'hui ce terme est plus particulièrement utilisé lors des grands repas familiaux ou associatifs.

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Agapes à la Cense Manoir

Il ne faut pas en profiter pour "Adorer le veau d'or"... Le peuple hébreu s'était construit une idole à adorer en forme de veau pendant que Moïse était sur le mont Sinaï à l'écoute de Dieu qui lui remettra les Dix Commandements. De nos jours cette expression signifie "vénérer l'argent".

 Les grandes vacances qui approchent seront l'occasion de faire un peu de rangement chez soi où il règne quelquefois un vrai capharnaüm.... A l'origine, Capharnaüm est la ville où Jésus commença son ministère. La grande activité commerciale de cette ville lui a valu de devenir un symbole de désordre.

Alors n'hésitez plus et, à l'occasion d'un prochain vide-grenier, faites le tri dans ce capharnaüm....

 Et ne faites pas comme un ouvrier de la onzième heure. La onzième heure fait référence à une méthode antique de calcul des heures qui  débutait avec le lever du soleil et qui divisait la journée en douze parties. La parabole de Jésus reprise dans l'évangile selon St  Matthieu, fait intervenir un propriétaire terrien qui rémunère de manière uniforme ses différents employés peu importe l'heure où ils ont débuté leur labeur. Cette parabole signifie que la générosité de Dieu dépasse notre justice humaine. En effet on associe le propriétaire de la vigne au Seigneur, c'est-à-dire Dieu. Les rapports de Dieu avec l'homme ne sont pas les mêmes rapports qu'a un patron avec ses ouvriers. 

C'est au moment de la période de Pâques que Judas l'Iscariote, disciple de Jésus, le livra contre 30 Deniers. Il embrassera son maître pour indiquer aux soldats qui ils doivent arrêter. Ce baiser de Judas est l'archétype de la trahison la plus infâme : feindre l'amitié pour mieux trahir ! Et avec le temps, l'expression "Judas" est restée pour signifier une trahison...

 Un bouc émissaire, est celui que l'on rend responsable de tous les malheurs, sur qui la collectivité se décharge de ses fautes en allusion à la tradition hébraïque. Cette tradition se matérialisait, le jour de la fête des Expiations, par la chasse dans le désert d'un bouc chargé des péchés d'Israël. Ce bouc émissaire est la préfiguration du rôle que Jésus-Christ remplira sur la Croix. 

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 Eglise St Piat

Porter sa croix.

Dans l'évangile selon St Mathieu, Jésus invite ses disciples à supporter les épreuves qu'ils auront en son nom. Lui-même portera sa propre croix le jour de son exécution. Par extension, cette expression signifie endurer une épreuve qu'on ne peut partager avec autrui.

Pleurer comme une madeleine.

Cette expression trouve son origine dans l'histoire de Marie de Magdala (Marie-Madeleine) qui est une des femmes qui ont suivi Jésus tout au long de son ministère. Elle assiste à sa crucifixion et elle la première à trouver le tombeau vide. Dans l'évangile selon St Jean, Marie-Madeleine est la femme pécheresse qui pleure sur les pieds de Jésus. La tradition populaire en fera le symbole de la femme qui se repent à chaudes larmes.

En ces temps hivernaux, avec neige et pluie, l'on fait souvent référence à l'expression "Après moi le déluge". Cette parole est attribuée à Madame de Pompadour. Elle sert à marquer un désintérêt complet de ce qui peut arriver après soi. Le déluge est raconté dans la  "Genèse" : Dieu veut détruire sa création mais trouve un homme digne de continuer à vivre, Noé. Et sur ce même thème "Dater d'avant le déluge, signifie : être très ancien, Remonter au déluge, très loin dans le passé.... 

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 La campagne roncquoise sous la neige

Cette époque de catastrophe naturelle que l'on peut revivre parfois dans le monde peut être assimilée à "l'Apocalypse". Dans le livre du même nom, ce terme évoque une série de catastrophes inéluctables qui s'abat en guise de châtiment. A l'origine, le terme grec signifiait "révélation".

 En cette période de carême où l'on est invité à jeuner et à aider son prochain, l'expression "Un bon samaritain" remonte au temps de Jésus dans l'évangile de St Luc. Jésus raconte l'histoire d'un samaritain qui porte secours à un juif blessé. Or, à cette  époque, les juifs méprisaient les samaritains. Cette parabole symbolise ce qu'est le vrai amour du prochain.

 Il ne faut pas se plaindre de tout et de rien. Le prophète Jérémie a annoncé dans de nombreux oracles la ruine du peuple hébreu et de Jérusalem à cause de leurs péchés. Un des ses écrits s'appelle "les lamentations de Jérémie" par extension, des "jérémiades" sont des plaintes ininterrompues et ennuyeuses... 

 

Pascal DENEUVILLE

 

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